Avec la retenue de l'Estrade ou "Ganguise" (11 = 500 ha), le lac de Puydarrieux (65 = 255 ha) et le marais d'Orx (40 = 775 ha), le lac de Montbel (550 ha) constitue en piémont pyrénéen un réseau de grands plans d'eaux artificiels en réserve concernés par le Plan National d'Actions "Aigles pêcheurs".
Si Orx accueille chaque hiver depuis plus de 15 ans le Pygargue à queue blanche (du juvénile à l'adulte), chacun des autres lacs a hébergé au moins une fois cette espèce, soit en hivernage complet ou partiel de jeunes oiseaux, soit au passage pour des "migrateurs" transpyrénéens allant hiverner en Espagne (par ex cas d'une jeune femelle néerlandaise en 2019/2020).
Plus spécifiquement concernant Montbel, ce site est très régulièrement fréquenté par le Balbuzard pêcheur lors de ses migrations post et prénuptiale : au moins 10-15 oiseaux par saison (données en partie acquises lors du suivi migration effectué sur le proche Plateau de Sault audois de 2001 à 2007) et jusqu'à au moins 3 individus présents simultanément.
Le lac présente dans sa partie méridionale deux queues à niveau constant et particulièrement tranquilles dont l'environnement forestier mixte (chênaie pédonculée, hêtraie et massifs de pins sylvestres) offre de nombreux perchoirs et sites de dortoir favorables, utilisés entre autre lors de l'hivernage partiel en janvier 2022, et pourrait à terme - dans le contexte de colonisation progressive du territoire par le Balbuzard - devenir un site de nidification.
Or il se trouve que ce secteur précis du lac est actuellement très gravement menacé par le projet insensé d'un complexe touristique de luxe en milieu naturel alors qu'il existe des alternatives quant à la localisation d'implantation en zones beaucoup moins problématiques du même lac.
Il est évident que si ce projet devait se concrétiser, il ruinerait tout espoir d'installation du Balbuzard en tant qu'espèce nidificatrice.
Le collectif "A pas de loutre" (https://www.apasdeloutre.org/) a d'obtenu du Tribunal Administratif de Toulouse un jugement en référé suspendant la construction de ce parc de loisirs, le permis d'aménagement ne pouvant être délivré sans étude d'impact. Mais cette victoire n'est que temporaire et le site est toujours sous la menace en attente du jugement définitif.
La LPO Occitanie s'oppose à ce projet et soutien le collectif dans son action de défense du patrimoine naturel.